Les années quatre-vingt-dix ont marqué une ère nouvelle pour les études ethnographiques en Grèce. Après avoir été, dans les premières décennies de l’après-Seconde Guerre mondiale, le monopole d’une communauté relativement peu nombreuse d’anthropologues anglo-saxons, ce domaine de connaissance s’est transformé récemment en un champ d’investigations multiples, différencié sur le plan national et polyvalent sur le plan théorique. Ce travail tente un passage en revue sommaire mais systématique de la littérature ethnographique grecque et internationale concernant la Grèce, en insistant sur la dernière décennie, celle de la crise balkanique et de la « modernisation », où s’est accompli un virage exemplaire vers la subjectivité. L’ethnographie grecque se caractérise par la dispersion en cercles thématiques ayant pour épicentre le genre, le corps et d’autres dimensions de l’identité individuelle, les diverses variantes de l’identité collective, la mémoire et la modernité. Elle est aussi régie par des interprétations multiples, alternatives, de la théorie de la construction mais aussi par des expérimentations au niveau de l’écriture. L’hellénisation accrue de l’ethnographie grecque, son engagement dans une anthropologie du « chez-soi » et son positionnement dans le cadre de l’anthropologie grecque sont les défis majeurs auxquels est confrontée depuis peu cette branche en principe extravertie.