Politiques du doute et régimes de vérité à l’« ère de l’os ». ADN et adoptions symboliques des corps récupérés dans les charniers au Pérou et en Espagne

Par Dorothée Delacroix, Camille Noûs
Français

Prenant pour objet l’ouverture des charniers de la guerre civile au Pérou et du franquisme en Espagne, cet article interroge le triple enjeu associé à la récupération des restes humains qui sont à la fois objet de revendications politiques, pivot d’une économie affective et pièce d’une économie probatoire. Le travail de terrain réalisé dans les Andes péruviennes et en Navarre montre qu’au-delà de l’objectif de restituer une dignité aux morts et à leurs proches, les exhumations contemporaines contribuent aussi à remettre en question l’identité des corps récupérés, parfois de façon informelle, vingt à quarante ans plus tôt. Des lieux de souvenir, entretenus depuis plusieurs décennies par les familles qui imaginaient détenir là le corps de leur proche, sont ainsi ouverts et « vérifiés » grâce aux nouvelles technologies qui s’appuient notamment sur l’analyse ADN. L’article examine les impacts de cette épreuve de vérité sur la relation intime au parent disparu, sur les positionnements politiques que défendent différents collectifs et différentes personnes, et sur leur rapport même à la citoyenneté dans cette nouvelle configuration bio-scientifique.

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