Le petit carré solitaire : incels, isolement et photos-avatars comme toile politique numérique
Cet article explore la solitude et l’isolement vécus par les « incels » (célibataires involontaires), une communauté masculine digitale misogyne et radicalisée – composée de jeunes hommes qui expriment une frustration profonde face à leur incapacité à établir des relations romantiques ou sexuelles. L’étude met en lumière comment les sentiments de solitude façonnent leur identité collective et, par extension, leur expression idéologique et politique. À travers des plateformes numériques, connues sous le nom de manosphères, les incels partagent des récits de rejet, d’isolement et de marginalisation dans une société où la réussite amoureuse et sexuelle est perçue comme primordiale. Ces (re-)sentiments alimentent des récits d’injustice et de colère, souvent dirigés contre les femmes, les minorités de genre et la notion de « démocratie sexuelle » dans son ensemble. La recherche s’appuie sur une ethnographie visuelle et numérique, en se focalisant sur les photos-avatars des incels et leur univers esthétique, qui incarnent visuellement la solitude incel. Ces images servent à la fois de marqueurs identitaires et d’outils politiques, dramatisant leurs expériences d’isolement et leur sentiment de marginalisation sociale. Cette solitude, loin d’être un simple contexte, devient un moteur puissant de revendications et de résistances, sculptant une esthétique manosphérique qui, au-delà des écrans, transforme leur isolement en une forme de contestation radicale et genrée.
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